Cogitoblog

06 décembre 2015

A quoi rêvent les jeunes femmes ?

Toujours pour tenter de mieux comprendre le personnage d'Emma Bovary, parlons un peu des "Keepsakes" auxquels Flaubert fait allusion dans le Chapitre VI de la première partie (le jeunesse d'Emma au pensionnat).

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keepsake : Livre qui se donne en cadeau, comme souvenir, et qui renferme des pièces de vers et des fragments de prose, entremêlés de gravures.

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Voici ce qu'en écrit Alfred de Vigny dans un article pour la Revue des Deux Mondes en 1833

     Les keepsakes sont nés en Angleterre. En France, ce sont des étrangers arrivés tout récemment; aussi leur condition est-elle bien différente dans les deux pays. Ainsi, chez nos voisins, les poètes de keepsakes sont des poètes aristocrates, des poètes grands seigneurs. Ils envoient leur poésie telle quelle, et ce sont les graveurs qui sont chargés de l'illustrer par de magnifiques vignettes. Chez eux, le procédé est fort différent. Les poètes de nos keepsakes sont de pauvres petits poètes bourgeois et citoyens, avec lesquels on en use tout-à-fait familièrement et sans façon! Voici par exemple comment on s'y prend avec eux. L'éditeur fait venir de Londres un certain nombre de vignettes empruntées à des almanachs anglais. Alors il convoque ses poètes, et les poètes venus, il leur dit : Illustrez-moi ces vignettes avec votre poésie. Et les poètes se mettent à l'œuvre, et illustrent les vignettes de leur mieux. C'est de cette façon que l'on nous a fabriqué les Annales romantiques, le Nouveau Keepsake français, la Perle, les Femmes littéraires et les Soirées littéraires de Paris (1). Charmants recueils qui n'ont d'autre tort que celui de nous offrir un texte fait d'après des gravures, et en général fort inférieur à elles.

Il serait d'ailleurs bien injuste de proscrire indistinctement toutes les pièces que renferment ces jolis volumes. Empressons-nous, au contraire, de le reconnaître : principalement parmi celles qui ne servent point d'illustrations aux vignettes, il s'en trouve de véritablement remarquables ; et dans les Soirées littéraires de Paris, recueil publié par madame Amable Tastu, entre autres excellents morceaux, nous avons lu surtout avec bonheur le Désir de M.Saint-Betive et un délicieux sonnet de madame Marie Nodier-Ménessier.

Vous pouvez feuilleter l'ouvrage de Madame Amable Tastu ici

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05 décembre 2015

Madame Bovary, les adaptations cinématographiques

Les Réécritures cinématographiques du roman de Gustave Flaubert

Unholy love, Albert Ray, 1932 

La première adaptation du roman de Flaubert connue est un film en noir & blanc hollywoodien de 1932, réalisé par Albert Ray sous le titre Unholy love, dans lequel l’intrigue est transposée dans le New York des années 30. Ce n’est pas la seule modification, on peine un peu à retrouver les éléments du roman. Joyce Compton incarne Emma, devenue Sheilla, jeune fille modeste, épousée secrètement par Jerry un jeune homme de la classe aisée (sensé figurer Charles…). Il sera trompé par sa blonde épouse écervelée qui, abandonnée à son tour par son amant se suicide, non pas à l’arsenic mais au volant de sa voiture.

Affiche du film

 

Sheilla et Jerry

Voir le film en VO non sous-titrée

 

 

Sources :

 

 

Madame Bovary, Jean Renoir, 1933

En 1933, Jean Renoir propose sa version de l’œuvre avec Valentine Tessier dans le rôle titre et Max Dearly dans celui de Charles.

Fiche sur le film

 

Visionner l'interview de Jean Renoir (4 min)

Visionner un extrait

Remarque : une Emma un peu vieille pour le rôle (Valentine Teissier fut imposée par la production) et un jeu plutôt guindé.

Madame Bovary, Vincente Minnelli, 1949

Parti pris de Vincente Minelli, pour son adaptation en 1949, faire commencer le film par le procès de Flaubert, pour son roman jugé offensant pour les mœurs ; il entreprend alors de raconter l’histoire et de la défendre. C’est donc la voix de Flaubert qui sert de voix off. Le happy end indispensable à tout film hollywoodien peut ainsi avoir lieu malgré la mort d’Emma grâce à l’acquittement de l’écrivain. La censure morale règne sur les studios, l’adaptation en subit les conséquences : la réécriture concerne notamment Charles, le personnage est bien moins médiocre et naïf  que dans le roman, et Emma qui est jouée par la très gracieuse Jennifer Jones, prend l’aspect d’une femme fatale dont les amants seraient les victimes.

Affiche du film (un petit côté Autant en emporte le vent non ?)

Gustave Flaubert au procès

Le mariage de Charles et Emma

Emma au bal

Voir le film en VO (sous titré en espagnol...)

 

Madame Bovary, Claude Chabrol, 1991

En 1991, Claude Chabrol offre à son actrice fétiche Isabelle Huppert le rôle d'Emma Bovary. L'adaptation, très fidèle au texte de Flaubert, n'en est pas moins très marquée par la lecture Chabrolienne de l'oeuvre lui aussi adepte de la satire de la bourgeoisie dont il aime pointer l'hypocrisie des conventions et les frustrations. L'interprétation d'Isabelle Huppert est intéressante car elle donne au personnage d'Emma une dimension féministe qu'on oublie parfois. Si Emma est une rêveuse éternellement insatisfaite, elle est aussi une femme qui écoute ses passions, qui cherche à donner sinon du sens, du moins de l'action et de l'énergie à sa vie. Epouse enfermée dans le code comportemental d'une société dans laquelle la femme n'a pas de droits, d'autonomie, de possibilité d'agir, maladroitement (bêtement ?) Emma tente pourtant d'amener de l'action. Elle échoue car son éducation, son matérialisme, son émotivité ne l'ont pas armée pour réussir. (Il n'est pas donné à toutes les femmes d'avoir le tempérament de George Sand, amie de Flaubert avec laquelle il a entretenu une abondante correspondance).

Par ailleurs, Chabrol respecte au plus près le roman ; bien qu'il procède à certaines coupes (les chapitres sans Emma au début et à la fin du roman) on constate une volonté de rester fidèle à l'oeuvre, à son organisation, à son style même.

Voir une interview de Claude Chabrol

Affiche du film

 

Emma et Charles

Madame Bovary, Tim Fywell, 2000 (Telefilm)

En 2000, une nouvelle adaptation, pour la télévision cette fois, est proposée par Tim Fywell. Autre temps, autre mœurs, le film insiste sur la sensualité de l’héroïne et sa quête de satisfaction de ses désirs ; la mère de Charles occupe un rôle plus important que dans le roman, servant d’opposant à Emma et donnant ainsi à l’intrigue une dimension psychologique particulière sur les rapports mère-fils / belle-mère - belle-fille. Freud est passé par là…

Couverture du DVD

Emma au bal

Voir un extrait (en VO) Le bal à la Vaubyessard

Et en 2014, une nouvelle adaptation par Sophie Barnes est en cours de tournage avec Mia Wasikowska dans le rôle d'Emma dans la campagne Normande. Le film sort en salle en France en novembre 2015.

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13 mars 2015

Jeux de société

Alceste à bicyclette

Film de Philippe Le Guay, 2012

Au sommet de sa carrière d'acteur, Serge a quitté le monde du spectacle. En colère, lassé par l'hypocrisie d'une profession où les faux semblants priment et où tout le monde trahit tout le monde, il vit désormais seul sur l'île de Ré. Son ami, Gauthier, un acteur qui connait le succès grâce à un rôle de héros au grand coeur dans une série télévisée,  débarque un jour chez Serge et lui propose de jouer avec lui Le Misanthrope de Molière.

Serge commence par refuser d'autant plus que Gauthier souhaite lui faire jouer Philinte et non Alceste, rôle principal (et qui lui colle à la peau). Il propose alors à Gauthier de répéter la scène d'exposition afin de voir si l'envie de jouer est assez forte. Les deux acteurs commencent  les répétitions.

Extrait 1. Gauthier (Lambert Wilson) retrouve Serge

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Extrait 2. Gauthier propose à Serge le rôle de Philinte

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Extrait 3. Gauthier et Serge répètent la scène d'exposition.

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29 septembre 2014

La Princesse de Clèves

Quelques éléments complémentaires au cours

 

Pour voir le film de Jean Delannoy (1961 tout de même) c'est par ici. Attention, le scénario diffère quelque peu du roman et le jeu des comédiens, très classique, ne rend pas forcément compte de la passion ressentie par les trois protagonistes : Mme de Clèves, M. de Nemours bien sûr mais aussi M. de Clèves !

 

Autre adaptation d'une oeuvre de Mme de La Fayette, plus contemporaine puisqu'elle date de 2010, La Princesse de Montpensier film de Bertrand Tavernier, avec Mélanie Thierry dans le rôle de la Princesse. Voici la bande annonce :

 

Pour un résumé rapide et efficace du roman, regardez ce diaporama très bien fait :

 

Et pour finir un aperçu d'un documentaire original, Nous, princesses de Clèves de Régis Sauder, consacré à des lycéens marseillais s'emparant du texte de Mme de La Fayette et le mettant en relation avec leur vie d'adolescents, leurs sentiments, les difficultés à trouver une juste place dans une société dont les codes, tous différents qu'ils sont de ceux de la cour d'Henri II, ne leur laissent pas davantage de liberté et de choix. 

 

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24 septembre 2014

La condition féminine... sujet toujours d'actualité

1 L : Héroïnes romanesques

LA CONDITION FEMININE

A propos de la question de l'égalité entre homme et femme, sujet connexe de notre étude des personnages féminins et de la vision de la femme dans la société qu'ils véhiculent, prenez 10 minutes pour écouter le discours d'Emma Watson devant l'ONU.

Emma Watson's speech at the UN for HeForShe in VOSTFR

 

 

 

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09 septembre 2014

Gemma Bovery : demain dans les salles

A ne pas manquer, la réécriture cinématographique du roman graphique de Posy Simmonds, lui même réécriture du fameux roman de Flaubert

Bande Annonce

 

A écouter !

le Podcast : France Info Chronique et interview de Fabrice Lucchini

 http://www.franceinfo.fr/emission/info-culture/2014-2015/un-jour-sans-fin-09-09-2014-08-55 

 

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